Auteur : Li Ang [李昂]
Traduction : Marie Laureillard-Wendland
Titre chinois : 《暗夜》
Actes Sud, 2004
ISBN : 9782742751853
Présentation de l’éditeur :
Un étudiant en philosophie, spécialiste d’éthique, vient trouver un chef d’entreprise pour lui révéler que son épouse, qui a dû recourir à un avortement, était la maîtresse d’un journaliste auquel l’industriel s’est allié pour réaliser une spéculation boursière. mais d’autres mensonges et d’autres trahisons parsèment les existences de ces personnages que semble motiver dès l’origine une soif de réussite ou de revanche. Au fur et à mesure que les indiscrétions de l’étudiant déroulent le film de leur vie, c’est toute la société taiwanaise urbaine des années 1980 et ses travers qui défilent : affairisme et corruption, brutalité et égocentrisme des relations entre les sexes – fondées sur l’incontournable triangle du mari, de l’épouse et des maîtresses -, modes occidentales et traditions japonaises, snobisme et superstitions. Mêlant, comme Zola, l’appétit de l’argent à celui du sexe, Li Ang explore à son tour la bête humaine, crûment et sans indulgence. Face à l’épouse rangée, dont il a fait son amante, le journaliste séducteur a presque le cynisme d’un Valmont. et même l’exigence de pureté morale se révèle, à la fin, être un leurre.
Note bibliographique :
Les personnages superficiels dépeints dans Nuit obscure suscitent peu d’attaches et donnent à voir au lecteur un théâtre de marionnettes dans lequel l’auteure se révèle sans pitié pour la nouvelle bourgeoisie taïwanaise et les superstitions. Ces deux critiques font écho à la tension que rencontre Taïwan entre son passé culturel et sa modernité économique ; c’est peut-être d’ailleurs ce fil tendu entre tradition et modernité qui oriente l’action des personnages, de sorte que l’écriture du roman développerait bel et bien une forme de nouveau naturalisme tel qu’il se rencontrait chez Zola, dans une œuvre comme La Curée.
Un parallèle éloquent est établi entre le sexe et l’argent, avec notamment une description formidable des spéculations boursières. En arrière-plan réside l’éternel problème des relations de pouvoirs, avec la mise en scène d’un huis clos entre un entrepreneur véreux et un intellectuel concupiscent qui révèle comme toile de fond de la narration un enfermement idéologique auquel sont confrontés aussi bien les hommes que les femmes dans cette nouvelle société taïwanaise.
Note bibliographique établie par David Rioton.
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