La littérature taïwanaise fêtée à Taipei grâce à Jentayu

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Une quarantaine de personnes a assisté dimanche 18 décembre à la librairie francophone Le Pigeonnier, à Taipei, à la rencontre organisée pour le lancement à Taïwan du numéro hors-série de la revue littéraire française Jentayu consacré à la littérature taïwanaise. Plusieurs auteurs figurant dans ce recueil étaient présents : les écrivains Chen Xue (陳雪) et Tong Wei-ger (童偉格), la poétesse Chen Yu-hong (陳育虹), mais aussi les auteurs Lai Hsiang-yin (賴香吟), Walis Nokan (瓦歷斯.諾幹), Lo Chih-cheng (羅智成) et Chen Yu-chin (陳又津).

Jérôme Bouchaud, fondateur des éditions Jentayu et venu spécialement de Malaisie pour l’occasion, a tout d’abord rapidement présenté la revue (expliquant au passage que « Jentayu », aussi connu sous le nom de « Jatāyu », est en fait le nom d’un oiseau mythique issu de la célèbre épopée hindoue du Rāmāyaṇa). Il a rappelé l’ambition de cette revue semestrielle lancée en janvier 2015 : faire découvrir au public francophone des littératures asiatiques peu traduites et peu connues. Ce numéro hors-série consacré à Taïwan est le premier du genre et en annonce d’autres, peut-être sur la Thaïlande, la Malaisie ou encore la littérature de la diaspora chinoise, a-t-il indiqué.

Lettres de Taïwan est partenaire de la revue Jentayu. Le numéro hors-série consacré à Taïwan a été réalisé avec le soutien financier du ministère taïwanais de la Culture et du Centre culturel de Taïwan à Paris, dont l’ancienne directrice, Tsai Hsiao-ying (蔡筱穎), était présente à la rencontre au Pigeonnier.

Chen Xue, Tong Wei-ger et Chen Yu-hong ont lu des extraits de leurs textes figurant au sommaire du recueil, expliquant en quelques mots le contexte de l’écriture de ces nouvelles et poème. Leur traduction française a également été lue au public présent. Les traducteurs des nouvelles de Chen Xue et de Tong Wei-ger ont aussi pu communiquer à distance leur expérience de traduction.

Je n’ai pas d’affinité particulière avec la culture homosexuelle ou transgenre, pas plus qu’avec la littérature militante en général, mais j’aime la façon dont, en écrivain, Chen Xue décrit les sentiments amoureux, les mouvements du cœur, ses tourments et ses joies. Elle le fait de façon simple, sans artifices, ce qui rend ses textes délicats à traduire : leur subtilité peut facilement se muer en platitude pour peu que le traducteur ne soit pas attentif aux rythmes et aux mouvements qui les soutiennent. C’est, bien entendu, ce que j’ai essayé d’éviter. (Olivier Bialais)

Ce qui m’a frappé, à la première lecture de la nouvelle de Tong Wei-ger, puis au fur et à mesure de ma traduction, c’est la manière dont le texte procède par contrastes entre les descriptions chronologiques des petits riens du quotidien – avec une côté presque terre-à- terre – et une série d’images poétiques qui dégagent à la fois une puissante force évocatrice et une grande fragilité. (…) Au cours de ma traduction, j’ai également beaucoup aimé travailler sur les réseaux lexicaux sous-jacents au texte. Par exemple, à partir de 星散 qui revient à plusieurs reprises et s’entoure de variations qui entrent en résonance, j’ai pu travailler sur les champs lexicaux en français, et l’on retrouve tour à tour une « grand-route jonchée de débris de papier », un terrain « cabossé, ponctué de parcelles éparses », une « chaussée constellée de taches claires ». (Coraline Jortay)

Le traducteur Matthieu Kolatte a poursuivi cet éclairage en expliquant son travail sur la nouvelle « Zeelandia » de Lai Hsiang-yin, récit à plusieurs niveaux personnel, historique et politique dont la traduction représentait surtout un défi lexical, a-t-il noté. Répondant à une question de Stéphane Corcuff, directeur de l’antenne de Taipei du Centre d’études français sur la Chine contemporaine, Lai Hsiang-yin a expliqué que la nouvelle « Zeelandia » était tirée d’un projet de trilogie intitulé 島 (dao, l’île), nom choisi à une époque où considérer Taïwan comme une île et non comme une partie de la grande Chine, était encore relativement tabou.

Les questions posées par l’assistance ont encore porté sur les difficultés de traduction des langues employées par les auteurs en plus du mandarin : taïwanais (holo), langues austronésiennes…, ou encore sur la manière dont les 13 nouvelles et six poèmes figurant dans le numéro hors-série avait été sélectionnés.

Les auteurs présents ont enfin dédicacé des exemplaires du numéro hors-série de Jentayu, alors qu’un verre de l’amitié était offert par la librairie.

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