Trois poèmes de Zhang Yun

Âgée d’une vingtaine d’années, Zhang Yun (張妘) écoute les murmures des choses. Nous publions ici trois de ses poèmes, traduits du chinois (Taiwan) par Jean-Yves Heurtebise.

La mort au sein de mon sang se déploie

死亡在我的血液裡蔓延,

一路傳到我顫抖的指尖,

伴隨著心臟的脈動,

死亡何曾如此生動。

它不斷地對我呢喃,

像沼澤裡潮濕的泥,

看似污穢卻又代表著生命的純粹,

既稠也愁。

人們總說我自尋消殞,

然其自始便由己而生,

我從來不需尋求死身,

只求解放體內的亡本。

死亡存在呼吸的每一瞬,

吸吐中夾雜著若干懸念。

但我從那些猶豫中聽見,

死亡並不等同於衰亡,

生命也並非由我解放,

而是它同情我那佈滿皺摺的靈魂,

蜷縮在不堪的身軀中,

俯聽潺潺流過的脈搏。

死亡的啟示之眼像透明的湖泊,

一步步帶領我的靈魂,

鬆開人世道德的束縛,

浸入不再需要任何意義的自由

La mort au sein de mon sang se déploie,

Au long de sa route jusqu’à mes doigts. 

Suivant les pulsations du cœur,

Jamais fut si vivant qui meurt.

La mort sans cesse me murmure – 

Comme humide boue des marais :

Semblant sale mais dénotant ce que la vie a de pur, 

Dense et inquiet.

Ils répètent que je veux mourir,  

Mais la mort de moi naît et grandit.

Moi, je n’ai jamais voulu la mort,

Mais libérer ses pulsions du corps.

La mort insiste en chacun de mes souffles,

Un respir mêlé d’hésitation.

Mais dans ce suspens d’indécision,

J’entends la mort qui point ne s’essouffle,

La vie que non plus je ne libère :

Elle compatit avec mon âme en ses multiples plis, 

Blottie où mon corps le plus subit,

Ecoutant de mon pouls la rivière.

Par le lac transparent de ses yeux la mort m’éclaire,

Mon âme pas après pas guidée,

De la morale en défait les fers, 

Plonge en une liberté sans besoin d’être justifiée.

L’automne est, dit-on, un second printemps

人們說秋天乃第二個春天

因為即使樹皮開始斑駁

濃蔭稀疏不再長青

依然能在葉脈的皺褶間

感受大地的脈搏

土壤依舊瀰漫著生之氣息

當嫩葉不再如此鮮綠

反而顯現了它在夏日收穫的豐裕

乾褐的葉梗顯得堅定無比

只有蝕蛀的痕跡讓人猜疑 

但神秘即是秋日能攫住你我的魅力

為何我們會在這樣的時節出現呢?

或許在風將你捎來的那刻

我的手心便已印下你的掌紋

那佈滿紋理的日子

讓枝枒錯以為春日還沒離去

或許就連春日

也被秋風給薰出一場幻夢

忘記該離去,以及來自何方

我曾經看過秋日裡盛開的花

獨占群芳

最後一夜仍隨風婆娑

落得一地褪色的緋瓣

彷彿那晚杯緣的唇印

只有葉會留下,獨自走完四季的巡禮

沙沙作響

回憶曾與她一同綻放的那片陰翳

L’automne est, dit-on, un second printemps

Car même si l’écorce se tachette 

D’ombres noires plus jamais vertes,

On sent Gaïa dans les feuillues nervures 

Battre le pouls en mesure

Le sol s’imprégnant de l’odeur du vivant

Alors, les feuilles n’ont plus leur verdure

Mais elles semblent avoir fait pleine moisson d’été 

Plus fermes paraissent les feuilles séchées

Si n’étaient quelques marques de vermoulure  

Ainsi nous ravit du mystère de l’automne la beauté

Pourquoi toi et moi sommes issus de telle saison ?

Serait-ce que lorsque le vent t’a amené 

Mon devenir dans ta main déjà inscrivait 

Ces jours aux lignes à foison 

Faisant croire aux tiges que dure le printemps 

Ou bien c’est que du printemps 

Sort un rêve enfumé d’un automnal vent

Oublieux d’où il vient, qu’il doit s’en aller

J’ai vu autrefois une fleur d’automne éclore 

A nulle égale

Une nuit elle danse au vent encore

Puis choit au sol pétale aussi pâle 

Que traces de lèvres sur un verre

Seules les feuilles restent, après quatre saisons errantes

Toutes bruissantes

Se souvenant d’avoir éclos dans cette ombre avec elle

Le silence en l’air est si pesant

沈默的空氣太過逼人

試圖吐出稀疏的字句

未及喉嚨便吞了回去

只換得一口長長的嘆息

我在心裡問道

被噤聲的愛代表什麼

停擺抑或挽留?

或許那一縷唏噓

是沸騰後的內心

在灼傷後飄散的蒸氣

黑夜依然靜謐得令人屏息

然而命運就像那一口長嘆

看著它在悄然裡冉冉升起

卻也只能以眼神眽眽別離

若說有緣的只是有緣

嚥下的情也不再可惜

Le silence en l’air est si pesant

Que les mots que je voudrais te dire

Sont ravalés sans pouvoir sortir

Et se transforment en de longs soupirs

Une question me hante

Cet amour mis en sourdine veut dire

Sursoir ou retenir ?

Ou ce genre de soupir

Est comme un débord du cœur 

Qui bouillant émet de la vapeur

La nuit si tranquille rend le souffle immobile

En fait le destin est comme un soupir sans fin

Quand le calme s’installe, c’est là qu’il s’exhale

Seul l’amour dans mes yeux peut lui dire adieu

Si destin il y a le destin c’est bien ça

Un amour étouffé n’est pas à regretter

(Tous droits réservés)

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