Un auteur | Un livre | Un lieu |
![]() |
![]() |
![]() |
Wu Ming-yi | Les Lignes de navigation du sommeil |
Taipei |
Au début du 20e s., le mur ouest de l’ancienne ville fortifiée de Taipei est rasé par l’administration japonaise. Une large avenue est tracée, bordée par une voie ferrée. En 1949, quatre ans après le départ des colons nippons, l’arrivée massive de militaires et de civils venus de Chine à la suite de Chiang Kai-shek [蔣介石] entraîne une grave crise du logement, et une partie de l’avenue se couvre, souvent illégalement, d’abris provisoires. Des commerces s’y installent.
En 1960, le gouvernement décide de faire place nette et, l’année suivante, un long bâtiment (1 171 m), haut de deux étages et flanqué à ses extrémités de tours de sept étages, est construit pour accueillir le marché Chunghwa [中華商場], du nouveau nom de l’avenue. Wu Ming-yi [吳明益], dont les parents étaient commerçants, a grandi ici. Dans plusieurs de ses ouvrages, en particulier dans Le Magicien sur la passerelle [天橋上的魔術師], il explore ses souvenirs des journées passées, enfant, dans ce marché. L’histoire de l’édifice est également longuement évoquée dans Les Lignes de nagivation du sommeil.
L’année où il fut bâti, nul ne vit cette construction d’un bon oeil. On ne s’était pas imaginé que le marche si tôt établi, une marée humaine s’y agglutinerait, tel un essaim de mouches attirées par une lampe anti-insectes.
La popularité du quartier voisin de Ximenting, devenu pendant la colonisation japonaise le quartier des loisirs, assure au marché Chunghwa un important flux de clientèle.
Dans les années 80, toutefois, le centre de gravité de la capitale se déplace vers l’est et l’affluence décline. En 1992, le marché est détruit pour permettre la construction d’une ligne de métro. Cet épisode tient un rôle central et tragique dans l’intrigue des Lignes de navigation du sommeil.
Pingback: Le Magicien sur la passerelle : génération réenchantée | Lettres de Taïwan 台灣文學·