Auteur : George Kerr
Traducteur : Pierre Mallet
Editions René Viénet, 2012
ISBN : 9782849830000
Témoignage incontournable sur le massacre perpétré à Taiwan en mars 1947, Formosa Bretrayed n’avait jamais été traduit en français. Publié pour la première fois aux Etats-Unis en 1965, l’ouvrage de George Kerr (1911-1992) figure pourtant en bonne place parmi les sources discutées par les historiens travaillant sur cette période, et pour cause : ce diplomate américain était en poste à Taiwan pendant les événements. Surtout, son récit des mois ayant précédé et suivi ce qu’on a pudiquement pris l’habitude d’appeler « l’incident du 28 Février » permet d’en saisir à la fois le contexte et la portée, et en propose un cadre interprétatif. George Kerr ne se contente pas de décrire avec force détails la cruelle répression menée, avec le renfort de troupes dépêchées du continent, par Chen Yi [陳儀], désigné par Chiang Kai-shek [蔣介石] pour administrer Taiwan après la rétrocession. Il s’attache à expliquer cette explosion de violence en retraçant, sur la base de notes personnelles et de témoignages divers, la spoliation systématique des ressources de Formose menée par Chen Yi et par le Kuomintang entre 1945 et 1947, et la corruption généralisée en vigueur dans l’île à cette époque. George Kerr laisse transparaître à maintes reprises son profond mépris du régime nationaliste et de Chiang Kai-shek, à qui il attribue clairement la responsabilité du massacre – le récit des tueries est poignant. L’auteur se livre également à une analyse particulièrement éclairante de la politique des Etats-Unis vis-à-vis de Taiwan et montre comment la propagande américaine développée sur place à l’époque a, en entretenant l’espoir d’une « Chine démocratique », joué un rôle dans la montée de l’exaspération populaire. Plus largement, il se montre implacable dans l’analyse des errements de la politique américaine dans la région à cette époque. Il expose enfin comment le 28 Février a poussé vers la revendication indépendantiste des Formosans au départ bienveillants envers la Chine. Témoignage à charge, ce livre trouve dans la traduction de Pierre Mallet une fluidité qui fait défaut à sa version originale, parfois confuse. Critiqué par certains pour sa partialité, Formose trahie reste une porte d’entrée indispensable à la compréhension du destin taiwanais.
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