Auteur : collectif
Direction : Elizabeth Zeitoun
OPHRYS, 2004
ISBN : 9782708010840
Note de l’éditeur :
Le numéro 23-24 de la revue Faits de langues, dirigé par Élizabeth Zeitoun propose un aperçu des recherches linguistiques actuelles portant sur les langues austronésiennes.
« En préambule, les langues austronésiennes sont situées dans un cadre géographique, historique et typologique. L’article intituléLes langues austronésiennes : situation géo-linguistique se propose de visualiser la distribution géographique des langues austronésiennes par grandes aires régionales, de rendre compte des problèmes de classification, de retracer les grands parcours migratoires des populations austronésiennes et de faire une ébauche succincte des principaux traits linguistiques qui caractérisent cette famille de langues, en référence au proto-austronésien. La parenté des langues austronésiennes est un article provocant de L. Sagart, qui a pour objet de montrer, par le biais de la reconstruction phonologique, lexicale et morphologique, que la famille austronésienne serait génétiquement apparentée à la famille sino-tibétaine et ce faisant de reconstituer la préhistoire des populations ancestrales à ces deux groupes. Les trois articles suivants, Typologie des langues austronésiennes de Taïwan (É. Zeitoun), Typologie syntaxique des langues des Philippines (L.A. Reid et H.-C. Liao), Typologie morpho-syntaxique des langues d’Océanie (M. Ross), traitent des caractéristiques grammaticales principales au sein de trois grandes régions qui compte les foyers de langues les plus importants et/ou les plus nombreux. Une réponse est apportée par S. Starosta à la polémique qui sévit depuis de nombreuses années dans la littérature linguistique au sujet de la transitivité et [de l’] ergativité dans les langues austronésiennes. Une étude beaucoup plus descriptive de N. Ossart suit sur les systèmes de numération dans les langues austronésiennes, qui n’en conduit pas moins à un réexamen critique du système numéral du proto-austronésien.
Succèdent à cette première rubrique, des études consacrées à l’analyse de problèmes phonologiques, morpho-syntaxiques et sémantiques. Dans l’article de K.A. Adelaar Le siraya : interprétation d’un corpus datant du XVIIe siècle, nous sommes confrontés aux problèmes que pose l’analyse d’une langue morte. Un tout autre thème est évoqué par F. Ozanne-Rivierre et J.C. Rivierre dans Évolution des formes canoniques dans les langues de Nouvelle-Calédonie. La problématique de cet article est néanmoins quelque peu identique à celle du précédent : comprendre les changements phonologiques dans un groupe de langues à partir, dans ce cas précis, d’observations synchroniques. Les deux articles suivants, Asymétrie des procédés d’affixation en maga rukai (Taïwan) (T.-H. Hsin) et « À la recherche d’affixes perdus en malais (K. A. Adelaar) s’intéressent aux problèmes liés a l’affixation dans deux perspectives distinctes, synchronique et diachronique. Sont ensuite abordés dans La réduplication en mwotlap : les paradoxes du fractionnement (A. François) et Les clitiques du sasak (Indonésie de l’est) (P. Austin) les questions de l’interface entre la morphologie et la sémantique d’une part, la morphologie et la syntaxe d’autre part. Les deux articles suivants Grammaticalisation d’un marqueur de définitude en saaroa (P. K. Radetzky) et Voix et rôles thématiques du tagalog (J.-M. Fortis) mettent à jour les problèmes syntaxiques et sémantiques liés à la notion de définitude dans les langues dites de type philippin, dont les verbes sont régis par un système focal. Dans La préfixation du prédicat dans une langue multi-prédicative : l’exemple du malgache (H. Fugier) et Relation Tête-Spécifieur et analyse en traits (Ch. Randriamasimanana), les notions d’accord entre le verbe et le sujet sont aussi, entre autres, abordées à propos du malgache. Enfin, deux articles Thématisation et focalisation dans les langues de Nouvelle-Calédonie : phénomènes discursifs et mécanismes évolutifs (I. Bril) et Convergence entre thème et focus dans les langues polynésiennes (C. Moyse-Faurie) traitent de la thématisation et de la focalisation dans les langues mélanésiennes et polynésiennes.
Dans une troisième partie, deux articles sont consacrés à des études ethnolinguistiques. Ces deux textes, Étude linguistique d’un chant rituel, penaspas, (puyuma-taiwan), de Josiane Cauquelin, et Dédoublement de la parole dans une séance chamanique palawan, ulit (Philippines) rendent compte de la beauté des langues rituelles et nous ouvrent les portes des mystères chamaniques.
Les articles qui concluent ce volume mettent en lumière certains aspects d’ordre sociolinguistique (minoration des langues austronésiennes, dialectologie, pidgins et créoles). Dans Recherche linguistique sur le malgache : quelques remarques critiques, les méthodes de travail linguistique sur des langues exotiques (et en particulier, le malgache) sont remises en cause par Ch. Randriamasimanana. Les langues austronésiennes de Taïwan : peuvent-elles échapper à la minoration ? (C. Saillard) évoque la crise à laquelle sont confrontés la plupart des locuteurs austronésiens, à savoir la disparition à plus ou moins long terme de leurs langues et rend compte des moyens qui sont mis en place à Taïwan pour essayer d’enrayer cette situation. Les pidgins/créoles du Pacifique-Sud et les langues austronésiennes (J.M. Charpentier) retrace la naissance et l’évolution d’une langue pidgin, le Beach-la-Mar, qui subit à nouveau l’influence du substrat austronésien. Enfin, l’article sur Le dialecte malgache de Mayotte (Comores) : une discussion dialectologique et sociolinguistique (N. Gueunier) propose une méthode pour identifier les dialectes malgaches de Mayotte, et retrace leur histoire. »